« Il y a tout au long de ce livre une vérité terrible, peut-être inaudible aujourd’hui : l’artiste est au service du peuple. « Le peintre et le sculpteur, écrit Farge, demeurent de purs héros de l’humanité, parce qu’ils sont contraints de ne jamais se séparer d’elle. » Or, l’artiste moderne, pour Farge, est de moins en moins « devant son peuple » et de plus en plus plongé dans « l’égoïsme social ». Quelques-uns encore, comme Matisse ou Rouault, demeurent « de purs héros de l’humanité », mais la plupart approvisionnent le marché et préfigurent notre monde de l’art actuel soumis à l’argent. Ce livre soulève une question abyssale : l’artiste moderne (ajoutons : l’artiste contemporain) est-il capable de revenir devant son peuple, même si, pour le dire avec Georges Bataille, l’art n’a plus « la charge d’exprimer une majesté accablante, indéniable, qui unissait les hommes » ? Autrement dit : l’art peut-il de nouveau unir les hommes ? » (Olivier Cena).
Librairie Métamorphoses, 2022, 136 pages, 25 illustrations. — Les 30 premiers exemplaires, numérotés, comportent une aquarelle originale de Gérard Traquandi.