Claude Rédélé


David Cueco


Philippe Dagen


Fleury Joseph Crépin. Conjurer la guerre, peindre la paix

Paris,

Métamorphoses,

2024.

40

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Description

Après les expositions Ghérasim Luca en 2019 et Paul Păun en 2022, Métamorphoses poursuit son exploration de la constellation surréaliste d’après-guerre en abordant les tableaux méticuleux, magnétiques et vibrants de Fleury Joseph Crépin.

Né en 1875, Fleury Joseph Crépin fut plombier et quincailler mais aussi musicien, sourcier et guérisseur, avant que « des voix » — à l’instar d’Augustin Lesage et de Victor Simon, originaires comme lui du Pas-de-Calais — ne l’enjoignent de peindre. Entre 1938 et 1948, Crépin réalisera de nombreux dessins, puis peindra près de 400 huiles sur toile et 43 tableaux « merveilleux ».

La trentaine de tableaux qui compose la présente exposition provient de la collection personnelle d’un artiste engagé, militant pacifiste. C’est la première fois en plus d’un demi-siècle que ces tableaux, acquis auprès de « Mlle Crépin », sont montrés et remis en circulation. Nul hasard ici, mais plutôt un souhait faisant écho à celui de l’artiste : que ces toiles agissent comme un « contresort » aux jours sombres que nous connaissons. C’est à ce voeu que nous avons voulu répondre en choisissant pour titre de l’exposition « Conjurer la guerre, peindre la paix ».

Breton écrivait en 1948, à propos du peintre qui prétendait avoir arrêté la Seconde Guerre mondiale par son art magique : « D’emblée les toiles de Joseph Crépin exercèrent sur moi leur fascination. […] Cette œuvre transcende à mes yeux la vulgarité et la niaiserie courantes […] Elle est aujourd’hui de celles, très rares, qui m’aident à vivre. »

 

Crépin ne doutait pas de la puissance spirituelle de chacune de ses toiles, ce que confirment évidemment ses propos sur leur capacité salvatrice : mettre fin à la guerre et établir ensuite la paix grâce à des « tableaux merveilleux ». Ceux-ci seraient d’autant plus efficaces qu’ils seraient plus merveilleux – touchant au miracle. Toute peinture de sa main relève ainsi principalement du spirituel et du rituel. Elle est acte de dévotion, invocation, prière, prémonition ou ex-voto. Elle l’est autant par ce qu’elle donne à voir que par le récit de son exécution sous-entendu dans ses caractéristiques plastiques. Si le terme n’était galvaudé aujourd’hui par l’usage qu’en font publicités et médias, on écrirait que ce sont des icônes.

*

Sans exception, obstinément, toute peinture de Crépin aspire à atteindre une forme de sacralité. Cette exigence est d’abord et avant tout satisfaite par l’exactitude mathématique des structures : il est à peine nécessaire d’insister sur ce point tant il est flagrant que la géométrie touche au sacré quand son ordre propre répond, dans les proportions qui sont les siennes, à un ordre universel, qui serait celui d’une création divine. Il n’est pas nécessaire que faces humaines ou serpents symboliques soient visibles : l’ordonnancement suffit en lui-même à manifester l’aspiration à la transcendance, l’aspiration à ce qui serait perfection.

 

Philippe Dagen

Extraits de « Fleury Joseph Crépin :

la peinture, le sacré et le médianimique »

in Fleury Joseph Crépin, Conjurer la guerre, peindre la guerre

 

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