MARIANA,

Juan de


Tolède,

Pedro Rodriguez,

1592.

Fort volume in-folio (337 × 232 mm) de [8]-1168-[28] pp. ; maroquin rouge, dos à quatre nerfs, compartiments de filets ornés d’un monogramme en lettres dorées (hdamb), double filet encadrant les plats, armes frappées au centre, gardes et contregardes de papier blanc du temps, tranches polies (reliure de l’époque).

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Description

Édition originale, rare.

Exemplaire de deuxième émission comportant la totalité des vingt-cinq livres initialement prévus, avec titre, feuillets liminaires et tables recomposés.

En effet, comme indiqué par Sommervogel, une note imprimée au verso du titre de la première émission annonçait la publication des vingt premiers livres seulement de l’His toire de l’Espagne du jésuite Juan de Mariana (1536-1624), qui s’interrompait au recto du feuillet Ooo8 (p. 959). Les livres XXI à XXV, encore en chantier chez l’auteur, furent composés quelque temps après avec les mêmes types et sur le même papier, puis ajoutés au «peu d’exemplaires» (Sommervogel) de la première émission qui subsistaient dans les ateliers de l’imprimeur. La chronique pouvait ainsi se poursuivre jusqu’à la prise de Grenade par Boabdil en 1492, épisode central de l’histoire d’Espagne, qui achève ce fort volume de façon cohérente.

L’ouvrage du Père Mariana – auteur très célèbre en son temps et dont on trouve des traces jusque dans Don Quichotte – est universellement réputé pour la qualité de sa documentation, la pertinence du récit et l’élégance du style. L’auteur en donna lui-même une traduction en langue vernaculaire (1601-1609), qui devint aussitôt l’un des classiques des lettres hispaniques. Une traduction anglaise, également très bien reçue, vit le jour en1699. Entre-temps, l’auteur avait poussé son Historia jusqu’au couronnement de Philippe IV (1621).

Bel exemplaire en maroquin du temps aux armes d’Honoré d’Agut (1565-1643), antiquaire et bibliophile, membre du cercle de Peiresc à Aix-en-Provence.

Le monogramme qui orne le dos du volume accole les initiales d’Honoré d’Agut à celles de sa femme, Marguerite de Blégiers, qu’il avait épousée en 1590. Ce gentilhomme érudit, conseiller au parlement de Provence en 1603, était issu d’une famille originaire de Martigues. Juriste de qualité et antiquaire passionné, il avait constitué dans son hôtel particulier d’Aix-en-Provence un cabinet de médailles. Son nom est cité par Edmond Bonnaffé parmi ceux des « curieux » d’Aix.

Honoré d’Agut partageait sa passion des monnaies, des médailles et des livres avec son ami et collègue au parlement de Provence Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637). Le célèbre savant et bibliophile provençal mentionne très souvent Honoré d’Agut dans sa correspondance, et toujours dans les termes les plus amicaux et les plus flatteurs. La présence du monogramme de Peiresc sur les reliures de quelques ouvrages manuscrits ayant également appartenu à Honoré d’Agut, conservés dans des fonds publics, laisse d’ailleurs penser que ce dernier avait hérité une partie de la bibliothèque de son illustre ami ou en avait acquis quelques volumes après sa mort. Le décor très sobre de la reliure de cette Historia de Mariana, d’une élégance un peu rude, n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui des reliures exécutées pour Peiresc dans l’atelier de Corbéran.

Cachet humide monogrammé (hdamb) dans la marge inférieure du titre; cotes anciennes à l’encre sur le premier contreplat.

Petites taches sans gravité sur les plats ; habiles réfections aux coins et à la coiffe supérieure.

Autres provenances: Joseph John Gurney (1788- 1847), banquier anglais et évangélique Quaker célèbre pour avoir provoqué, lors de sermons prononcés aux États-Unis, une scission dans le mouvement des Quakers d’Amérique (ex-libris). – G. Steevens (cachet humide au verso du titre).Références : Sommervogel, V, 547. – Paul de Rémusat, Les Marques de livres d’Honoré d’Agut, Paris, 1926. – Edmond Bonnaffé, Les Collectionneurs de l’ancienne France, Paris, Auguste Aubry, 1873, p. 94 : « Dagut ».

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