ZOLA,

Emile


L’Assommoir

Paris,

G. Charpentier,

1879.

In-12 (183 × 113 mm) de [vii]-568 pp. ; demi-maroquin fauve avec coins, dos à nerfs, non rogné, tête dorée, reliure de l’époque signée Pougetoux.

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Description

Deuxième édition, corrigée.

Il ne s’agit pas, en effet, d’une réimpression de l’originale parue en 1877 : il y a eu recomposition et le texte a été amendé par endroits (ajouts de mots, suppressions, corrections typographiques, etc.). La nature de ces interventions, surtout celles qui concernent le style, révèle la main de l’auteur.

Un des 5 exemplaires sur Chine, nominatifs : c’est celui de Joris-Karl Huysmans.

Les destinataires de ce tirage de luxe étaient l’éditeur Georges Charpentier et quatre membres du noyau dur du groupe naturaliste : Henry Céard, Léon Hennique, Huysmans et Zola lui-même, les deux autres auteurs des Soirées de Médan n’étant sans doute pas encore, à l’époque de l’impression de cette édition, étiquetés « naturalistes » ou suffisamment proches de l’auteur de L’Assommoir.

Envoi autographe signé sur le faux-titre, à la plume :

à Georges Huysmans son ami

Émile Zola

Appartenant au groupe des jeunes écrivains reçus par Zola à Médan, et auteur de l’une des nouvelles du célèbre recueil publié en avril 1880 (Sac au dos), Joris-Karl Huysmans (1848-1907), qui retrouve dans cet envoi un de ses véritables prénoms, s’était fait l’ardent défenseur d’Émile Zola dans une longue étude parue dans L’Actualité en mars-avril 1877. Ce n’est que quelques années plus tard, au tournant de 1890, que la trajectoire des deux hommes divergea, et que l’évolution esthétique et religieuse de Huysmans l’éloigna définitivement de l’orthodoxie naturaliste.

L’exemplaire contient en outre cinq documents (quatre autographes et un imprimé) relatifs aux représentations théâtrales de L’Assommoir.

a. ZOLA, Émile. Lettre autographe signée à Huysmans. Paris, 4 janvier 18[79]. 1 p. in-8. Il lui propose de passer chez lui « causer un peu de L’Assommoir », dont la première devait avoir lieu deux semaines plus tard. «J’écris à Hennique, à Céard et à Maupassant.»

b. ZOLA, Émile. Lettre autographe signée [à Gustave Flaubert]. Paris, 22 janvier 18[79]. 4 pp. in-8, cachet de la collection E. L. [E. Laporte] et inscription manuscrite au crayon : « Sickles 432 ». – Voir la reproduction page 83.

Très belle lettre sur le succès de L’Assommoir.

« La première représentation s’est passée magnifiquement ; un véritable triomphe pendant les cinq premiers tableaux […]. Une victoire absolue au neuvième. » Il salue la vaillance et l’intelligence des acteurs, même s’il affirme que la pièce, à ses yeux, ne vaut pas grand-chose : « Le roman a été massacré, la pièce tourne au mélodrame idiot. » Cependant, « si abêtie qu’elle soit, [elle] reste tout de même bien raide. Il y a des dessous terribles». Il s’amuse de la rage que provoque ce succès, sans savoir si cela rapportera de l’argent sur le long terme. Il espère le voir très prochainement même s’il sait qu’il travaille beaucoup sur ses « bonhommes » [Bouvard et Pécuchet]. « Enfin, si vous avez des ennemis et que vous soyez content de ce que vous faites, je ne vous plains pas encore trop, car comme vous le dites souvent, il n’y a de vrai dans ce monde qu’une phrase bien faite. » Il donne à Flaubert des nouvelles de leurs amis Goncourt, Daudet et Tourgueniev.

c. ZOLA, Émile. Lettre autographe signée à Huysmans. [Paris], 26 avril [1879]. 2 pp. in-16. Lettre relative au succès de la pièce à l’occasion duquel une fête sera donnée le mardi suivant. Il propose de lui remettre des cartons d’invitation à distribuer à « des garçons de votre monde […]. Vous y mettrez vous-même les noms. En habit noir, bien entendu. […] Et mardi chez moi. »

d. ROPS, Félicien. Billet autographe signé à Huysmans. 16 janvier 1879. 1 p. in-16. « N’y- a-t-il pas une place à l’Assommoir pour un zélé zolâtre ?? »

e. Carton d’invitation imprimé, illustré par Armand Poirson, avec le nom de Huysmans ajouté à la plume. 115 × 160 mm, papier bristol couché gris, contrecollé sur la dernière garde du volume.

Invitation en style « populaire » au bal donné à l’Élysée-Montmartre, le 29 avril [1879], par les auteurs et le Théâtre de l’Ambigu à l’occasion de la centième représentation de L’Assommoir : « On cassera une croûte. Les hommes en ouvriers, les dames en blanchisseuses». Ce bal, où tous les amis de Zola se retrouvèrent, la plupart venus «costumés», suscita un grand mouvement de curiosité : « Hier, on s’est encanaillé d’une façon vraiment canaille. On a été Zoliste. M. Zola a dû être content. Lui, au milieu de ce carnaval dont il est le créateur, se promenait gravement en habit noir et en cravate blanche », écrit Jules Prével dans Le Figaro du 1er mai 1879. Sur ce carton, la mention « Ceux qui s’habilleront autrement seront bien reçus tout de même » a été rayée d’un trait de crayon bleu.

Exceptionnel exemplaire, précieux par le tirage, l’envoi et les documents ajoutés, qui attestent l’ascendance flaubertienne du naturalisme et témoignent de l’amitié entre les membres du groupe.

Pougetoux fut l’un des relieurs attitrés de Joris-Karl Huysmans et de Léon Hennique.

Dos très légèrement et uniformément passé ; quelques piqûres, très éparses ; traces de colle au support du carton d’invitation, qui présente un petit manque au bord, à droite.

Provenance : Joris-Karl Huysmans, 1848-1907. – Hubert Heilbronn (ex-libris, vente du 11 mai 2021, Sotheby’s France, no 191).

Références : Vicaire, VII, 1205. – A.-F. Benhamou. « Du hasard à la nécessité : L’Assommoir au théâtre », in Études théâtrales, nos 15-16, 1999.

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