BATAILLE,

Georges


Ma mère

Paris,

Jean-Jacques Pauvert,

1966.

In-8 de [4]-205-[5] pp. ; maroquin noir, dos à nerfs orné de fers dorés dans l’esprit Belle Époque et en accord avec le cadre temporel du récit : des cercles évidés flanqués de palmettes évoquant un œil (ou orifice), doublure de maroquin rouge, gardes de suédine noire, plat supérieur de la couverture illustrée conservé, non rogné, tête dorée (Régine Deforges).

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Description

Édition originale.

Le premier et le plus important des écrits posthumes de Bataille, Ma mère, est aussi son dernier roman, demeuré inachevé : un long ressassement érotique et incestueux, à la fois anachronique, répétitif, troublant, élusif, impossible – et surtout magnifiquement écrit.

Un des 50 exemplaires sur vélin blanc de Lana (no 46), seul grand papier.

C’est l’exemplaire personnel de Régine Deforges (1935-2014), «papesse» de l’édition érotique française, revêtu par elle d’une voluptueuse reliure en maroquin noir doublée de maroquin rouge.

«Écrit en 1954 et 1955, Ma mère est le dernier roman de Georges Bataille ; publié pour la première fois en 1966, il est aussi la plus importante de ses œuvres posthumes. On lui attribue, à ce titre, une sorte de valeur testamentaire qu’il assume de fait pleinement, puisqu’il brasse la totalité des grands thèmes batailliens, dramatise nombre des réflexions théoriques de l’auteur et, par-dessus tout, explore son matériel fantasmatique le plus intime, depuis le roman familial le plus lointain jusqu’au rapport le plus immédiat à l’érotisme et à la passion amoureuse. […] Il constitue le deuxième, et – par sa longueur – le plus important volet de cette autobiographie de Pierre Angélique qu’inaugurait, en 1941, un récit bien plus bref, Madame Edwarda. » Roman de la répétition érotique, et en cela d’une obédience toute sadienne, «Ma mère est aussi paradoxalement un roman d’éducation (ou plutôt le roman d’une déséducation, si l’on se réfère à la célèbre lecture qu’en avança Mishima), et donc le récit d’une métamorphose. C’est bien sûr celle que Bataille lui-même a connue lorsque de jeune homme pieux il est devenu explorateur de la volupté souveraine, et le récit transpose nombre de traits autobiographiques : Bataille s’est longtemps senti coupable de la déchéance d’un père incompris, mort dans une ville lointaine (l’auteur avait alors l’âge de Pierre); il a nourri pour sa mère les fantasmes les plus crus, et pour Colette Peignot une passion à la fois pure et voluptueuse, comme celle qui lie Pierre à Hansi. » Cf. Gilles Philippe, op. cit.

Provenance : Régine Deforges, 1935-2014 (reliure).

Références : Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, notice de Gilles Philippe, pp. 1295-1311. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012).

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