Description
Huysmans, peintre d’un Paris post-haussmannien.
Dans cet article paru dans la Revue indépendante (no 11, septembre 1887), l’auteur de À rebours brosse le tableau pittoresque et quelque peu acide d’une avenue demeurée provinciale – boutiques vieillottes, bric-à-brac de brocanteurs, librairies jouant l’austérité ou la distinction –, et vivant uniquement de la présence des militaires qui hantent l’une des brasseries du quartier jusqu’à l’heure où l’on n’y croise plus que quelques ouvriers et filles en cheveux…
Bien que l’on ait tenté de la rajeunir et de la rehausser par le prestige de bâtisses fraîchement maquillées au blanc de plâtre et emphatiquement coiffées de chapeaux à la mode en zinc, cette avenue reste, en somme, composée d’un assemblage de maisonnettes à un, à deux, à trois étages, de frugales maisonnettes qui regardent avec les yeux âgés de leurs vitres le radotant spectacle de longs plumeaux, plantés, sur le trottoir, le manche en bas, dans des cuvettes de terre couvertes d’une roue
en fonte […]. L’avenue vivandière de La Motte-Picquet dort d’un sommeil de plomb, dans le taciturne isolement de sa province, jusqu’à l’aube dont la Diane la réveille en même temps que sa clientèle réunie dans les vastes casernes qui l’avoisinent.
Manuscrit bien conservé ; dos et coupes de la reliure frottés.
Provenance : Hubert Heilbronn (ex-libris, vente du 11 mai 2021, Sotheby’s France, no 123).