Description
a. Le Motographe. Album d’images animées. Couverture de H. de Toulouse-Lautrec.
Paris, Clarke & Cie, 1899.
In-4 (292 × 233 mm) de [28] feuillets, dont 23 planches illustrées en couleurs et légendées (versos blancs) ; cartonnage illustré en couleurs, dos de toile rouge (reliure de l’éditeur).
Édition originale française.
Le plat supérieur est orné d’une belle composition lithographiée en couleurs d’Henri de Toulouse-Lautrec : une dame jouant au Motographe dans un salon, sous les yeux d’une jeune femme, d’un fumeur de cigare et de trois animaux domestiques (un chien, un chat et un perroquet).
Une pochette à soufflet en carton collée sur le premier contreplat contient un feuillet d’instructions en anglais, ainsi qu’un écran de papier transparent et bleuté agrafé sur un cadre en carton (198 × 180 mm). En plaçant l’écran sur les gravures de l’album et en suivant les instructions indiquées sur chaque planche, on obtient l’illusion du mouvement et des changements chromatiques.
Parmi les sujets destinés à être animés : teinte changeante, cercles et carrés magiques, moulin à eau, roue et cascade, danseuse serpentine, Arlequin, locomotive à traction, moulin à mortier, bateau à vapeur, volcan, maison en feu, papillon, la mer au clair de lune, etc.
En 1898 paraissait à Londres, chez Bliss, Sands & Co., un curieux album à système pré-cinématographique intitulé The Motograph. L’éditeur W. H. B. Sands, qui venait de commander son portrait à Toulouse-Lautrec, eut l’idée de lui demander de réaliser une illustration pour la couverture de son livre. Bien qu’annoncée, cette image ne fut finalement pas imprimée pour l’édition anglaise mais pour son adaptation en français, dont nous proposons ici la première édition.
Dédicace autographe signée de Toulouse-Laurec, au crayon bleu, sur la première garde, agrémentée d’un petit croquis animalier au crayon vert et rouge :
a Robin
souvenir de campagne Henri de Toulouse-Lautrec 29 janvier 1899
Une autre dédicace, à la mine de plomb, est inscrite au-dessus de la précédente :
a Joyant, [ici une hésitation, puis :] A Maurice HT Lautrec
98-99
Couillon qui s’en dédit
«Robin» désigne très certainement l’ingénieur Robin-Langlois, qui fréquenta assidûment Toulouse-Lautrec entre 1887 et 1894, à l’époque où celui-ci, qui avait pris un atelier au coin des rues Tourlaque et Caulaincourt, s’installa avec le Docteur Bourges au 19 de la rue Fontaine. Robin-Langlois possédait une importante collection d’estampes de Toulouse-Lautrec (cf. M. Joyant, op. cit., pp. 77, 207 et passim). – Quant à « Joyant », il s’agit vraisemblablement de Maurice Joyant (1864-1930), qui fut l’ami d’enfance, le marchand, le critique, le collectionneur et le tout premier conservateur de Toulouse-Lautrec (on lui doit la création du musée d’Albi consacré au peintre).
Infimes épidermures sur les coupes et les coins, mais cartonnage en très bon état ; la pochette à soufflet contenant l’écran et la notice semble tardive.
Provenance : Henri de Toulouse-Lautrec, 1864-1901. – Robin Langlois (?), collectionneur de Toulouse-Lautrec. – Maurice Joyant (?), 1864-1930), ami et biographe du peintre. – Marcel Lecomte, 1900-1966, avec son ex-libris (vente Ferri, 26 novembre 2021, no 331).
b. Zizi ou le prince Lilliput, par Étienne Ducret.
Paris, Nouvelle Librairie de la Jeunesse, Louis Westhausser, [1899]
In-folio (370 × 260 mm) de [16] pp. comprenant 7 grandes planches en couleurs – dont 6 animées par des tirettes – et 1 figure dans le texte ; dos de toile rouge, plat supérieur illustré en couleurs (le prince Lilliput chevauchant la corolle d’un lys), titre imprimé noir et or (reliure de l’éditeur).
Édition originale française.
Illustrations en couleurs de Lothar Meggendorfer : elles comprennent 6 planches animées par des tirettes, dont le fonctionnement est expliqué par un poème imprimé sur la page de titre.
Aventures et mésaventures champêtres et aériennes du prince Lilliput, pas plus grand qu’un escargot : sa vie, aussi courte que sa taille, se termine tragiquement dans les eaux de la rivière. Heureusement, la fée sa marraine repêche son petit corps, l’inhume sous un rosier, et laisse son âme innocente monter au ciel pour retrouver ses royaux parents.
Il s’agit de l’adaptation d’un des célèbres albums conçus en Allemagne par Lothar Meggendorfer (1847-1925), pionnier du livre à système destiné aux enfants. Ses ouvrages étaient publiés à Munich par Braun & Schneider ; Louis Westhausser, éditeur sis au no 4 de la rue de Lille, à Paris, en assurait la traduction et la diffusion en France.
Exemplaire offert par Henri de Toulouse-Lautrec à une future maman, avec cette grande dédicace autographe sur le premier contreplat :
Pour le futur petit Fabre
Hommage de
H. de Toulouse-Lautrec lui-même
et les souhaits d’usage 31 décembre 1899.
À partir de1892 et jusqu’à sa mort en 1901, Toulouse-Lautrec séjourna régulièrement dans le bassin d’Arcachon chez Louis Fabre (1860-1923), magistrat originaire d’Agen qu’il avait rencontré à Paris vers 1890. Le peintre poussera même son ami à acheter la villa Bagatelle à Taussat, ainsi qu’un voilier baptisé Belle Hélène en hommage à la fiancée et future épouse de Fabre, Hélène Estève. En cette fin d’année, MmeFabre attendait donc un heureux évènement. C’est sans doute l’effet conjugué de son attrait pour l’enfance – plusieurs témoignages attribuent à Toulouse-Lautrec, à la fin de sa vie, un intérêt croissant pour les enfants – et de sa toute récente découverte de l’univers du livre à système (cf. ci-dessus la notice pour Le Motographe) qui ont suggéré à Toulouse-Lautrec l’idée de ce cadeau original, dans lequel il n’est pas interdit de percevoir, étant donné le sujet (la fin tragique d’un tout petit bonhomme poétique et princier), une allusion autobiographique.
Les planches animées sont ouvertes mais intègres, et les tirettes fonctionnent ; coins légèrement émoussés, auréole claire en bordure des plats, deux petites épidermures sur le premier plat, traces anciennes de cachets de cire au premier contreplat (avec faibles épidermures en regard, sur le titre).
Provenances pour Le Motographe : Henri de Toulouse-Lautrec,1864-1901 ; Robin Langlois (?), collectionneur ; Maurice Joyant (?), 1864-1930), ami et biographe du peintre ; Marcel Lecomte, 1900-1966, avec son ex-libris (vente Ferri, 26 novembre 2021, no 331). – Provenances pour Zizi ou le prince Lilliput : Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) ; Hélène Fabre, née Estève (1859-?).
Références : Jacques Huot, « Lautrec et les livres d’enfants », in Gazette des Beaux-Arts, mars 1968, pp. 191-192 (avec reproduction de l’envoi sur Zizi ou le prince Lilliput). – M. Joyant, Henri de Toulouse-Lautrec, Paris, Floury, 1927. – G. Coquiot, Lautrec, ou quinze ans de mœurs parisiennes, Paris, Ollendorff, 1921, 3e édition, p. 76.